Représentant le Bâtonnier
Christian Charrière-Bournazel, Rachel Lindon et Matthieu
Brochier, 4ème et 6ème Secrétaires, se sont
rendus à Phnom-Penh au Cambodge pour assister aux plaidoiries
dans l'affaire concernant Douch, ancien khmer rouge accusé de
crimes contre l'humanité pour avoir dirigé le centre
S21. Ils livrent leurs impressions quotidiennes.
La
journée du 25 novembre 2009 a été consacrée
par la fin des réquisitions et le début des plaidoiries
de la défense.
Les procureurs ont affirmé que la
seule peine adaptée aux crimes commis par Douch était
la prison à vie. Ils ont toutefois requis une peine
d'emprisonnement de 40 ans, précisant que l'accusé
devait bénéficier de circonstances atténuantes :
sa coopération au cours de l'instruction, ses remords et sa
demande de pardon, l'effet bénéfique de ces regrets sur
la réconciliation nationale cambodgienne. La peine requise
tient également compte de la durée de sa détention
"illégale" : Douch a été arrêté
en 1999 ; il a été détenu jusqu'en 2007 (date de
l'instauration des CETC) selon la loi cambodgienne alors que celle-ci
n'autorise qu'une détention provisoire pendant 3
ans.
Ensuite, les avocats de Douch ont demandé au
Président que l'accusé s'exprime avant eux. Plus de
1000 personnes étaient venues pour entendre les mots de
l'ancien khmer rouge.
Douch a lu un texte, remis par la suite
au tribunal, aux termes duquel il est revenu sur la création
du régime des khmers rouges, pour démontrer qu'il n'en
était pas un de fondateurs. Il a insisté en affirmant
qu'il n'était pas dans la direction du parti, mais seulement
un rouage dans une machine, et qu'il n'était pas l'initiateur
des exactions commises de 1975 à 1979. Il a cependant admis
avoir servi une entreprise criminelle. Ce faisant, Douch a reconnu sa
responsabilité, d'une voix froide, et fait part de ses remords
"douloureux", réitérant ensuite sa demande de
pardon. Il a conclu son discours par la lecture des 33 notes de bas
de pages de son texte, appliquant ainsi avec minutie les règles
de procédures anglo-saxonne et démontrant à
nouveau son souci de perfectionnisme.
Kar Savuth, l'avocat
cambodgien de l'accusé a ensuite plaidé l'acquittement
de son client, ce qui a surpris beaucoup de monde puisque son client
venait de reconnaître sa responsabilité.
L'avocat
a affirmé que Douch n'était pas un haut responsable des
khmers rouges, alors que le Tribunal a seulement été
institué pour juger les khmers rouges les plus
responsables.
Maitre Savuth s'est aussi étonné
qu'aucun des autres 194 directeurs de centres similaires à S21
ne soit pas également traduit en justice. Seuls quatre autres
responsables du régime ont pour le moment été
arrêtés pour être jugées (le "frère
numéro deux" du régime de Pol Pot, Nuon Chea,
l'ancien président Khieu Samphan, l'ancien ministre des
Affaires étrangères Ien Sary et son épouse. Pol
port est mort en 1998).
Demain, 26 novembre, Maître
François Roux, avocat à Montpellier, prendra à
son tour la parole pour défendre Douch.